7 ans sans père.
Je gère l’absence, comme je peux, pas trop mal, je m’habitue, ça va.
Mais c’est les regrets qui sont lourds. Ils trainent dans ma tête, souvent.
Principalement que je ne t’ai pas dit plus je t’aime. On se l'écrivait toujours, on le savait, mais on le disait pas de vive voix. C’est curieux, ça quand même?
Je regrette aussi d’avoir été critique envers certains de tes choix de vie, surtout “après maman”. D’où c’était mes oignons? Tu es mon père. Le reste de l’homme que tu étais ne me regarde pas. Et je sais que conséquemment, tu m’as cachée des trucs pour éviter que je ne te fasse remarquer que c'était des mauvais choix. Pardon.
Je regrette de n’avoir pas saisi plus d'opportunités, pourtant offertes en leur temps, de passer plus de temps avec toi.
Par exemple, quand je demande aux gosses de m’aider à une corvée et qu’ils m’envoient bouler je me dis “les sales petits cons”, alors que j'étais bien pareil. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour aller désherber le potager avec toi maintenant…
Je regrette de ne pas t’avoir dit que je suis reconnaissante de tout ce que tu as fait pour moi, tout ce que tu m’as appris. J’ai un peu changé tes méthodes par contre, de nos jours on ne tape plus sur les trucs en panne, on les redémarre. Et si je dois démonter un truc pour le réparer, je regarde d’abord un tuto pour savoir quoi faire, mais ça revient au même: on va pas appeler un réparateur.
Je regrette de ne pas m'être allongée à coté de toi à l’hopital et pris dans mes bras les derniers jours. Je voulais tellement mais les infirmières avaient dit non depuis le jour ou je t'avais donne Zoe parce que soi-disant ça risquait de déplacer un tube et de refiler un truc à la ptite (quoi, je sais pas, parce que le cancer ça s’attrape pas, on est bien d’accord, et t’avais tellement de medocs que rien pouvait venir se développer). Donc, en bonne fille obéissante, je me suis abstenue. Quelle erreur.
Je regrette de ne pas t’avoir fait comprendre quel père formidable tu es. C’est trop tard maintenant.
Papa, je t’aime, viens dans mes bras, je t’embrasse.
Petite Marie