Papa,

Je pense souvent à toi quand un truc marche pas et j’utilise la technique Georges Moeglin: taper dessus. 

Je doute que c’est une technique qu’on t’a apprise à l’école d’ingénieurs de Belfort, mais elle a fait ses preuves donc on perpétue la dite-technique, selon ton bon principe: on ne change pas une stratégie qui marche. 

Mais de nos jours il faut l’adapter aux nouvelles technologies et au lieu de taper, on redémarre. (Mais j’en  connais qui tapent quand même, par acquis de conscience et pour mettre toutes les chances de leur côté).

Dans les deux cas je ne comprends pas la relation de cause à effet mais tu m’as appris à faire comme ça alors je fais.

Sans oublier ta deuxième stratégie de “dévisser, souffler, revisser” ça marche pas mal avec l’ordi de Cameron et le roomba.

Donc tu vois, tout n’est pas parti avec toi, il nous reste les “trucs et  astuces”  du quotidien, comme ça on pense à toi souvent. Aujourd’hui particulièrement parce que c’était ton dernier jour, mais pas que.

Je ne t’oublierai jamais et  je t’aimerai

toujours. 

Y en a qui bossent, pis y a les autres. 

C’est comme ça que j’aime me rappeler de toi: s’éclater comme une gosse dans la neige. 

Je pense même franchement que si le 8 décembre 1999 il avait neigé, tu serais aller faire une boule pour la balancer à papa, tant pis si ça t’aurais épuisé, ça aurait fallu le coût. De la neige pour ton dernier jour, ça aurait été parfait.

je t’aimerai jusqu’à MON dernier jour. 
 

This is how I like to remember you: playing like a kid in the snow.
 I truly believe that if on December 8th, 1999 we had snow you would have gone outside and throw a snowball at dad. Never mind that it would have exhausted you, it would have been worth it. Snow on your last day would have been perfect. 
I’ll love you until MY last day. 

Le 7 novembre, anniversaire de ma mère.
C’est dommage que je ne puisse plus discuter avec elle en cuisinant. 
Je suis même prête à mettre un pull qui gratte et à manger de la salade de pissenlits du jardin, c’est tout dire! 
 

10e anniversaire sans toi. 

Pour te rendre hommage on a fait une mousse au chocolat et on regardé “le jour le plus long”.

Cameron est donc entré en contact avec la notion de messages codés des résistants. 
T’aurais rigolé de ses trouvailles: entre autres, 
“la cerise est sèche” et “le camembert est fécondé”

Ah ça oui, rigoler ensemble ça aurait été merveilleux...