Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 janvier 2020 2 14 /01 /janvier /2020 00:01

Je devrais dire que le 13 janvier 2011 était une journée de merde puisque c'est celle ou mon père a laissé tomber. Pourtant, à part le cœur brisé de perdre mon deuxième parent, je considère plutôt qu'il s'agissait d'une délivrance pour lui, donc une transition positive.

Son corps était pourri de toutes parts de l’intérieur,  la morphine ne fonctionnait plus sauf pour lui filer des hallus en journée et des cauchemards qui réveillaient la dame de la chambre d'en face la nuit. Je pense qu'on peut dire que son existence n’était plus une vie et qu'à ce titre, il a bien eu le droit  de se barrer. 

Est-ce qu'on peut demander à quelqu'un qu'on aime de rester sur terre dans ces conditions? Ses journées n’étaient que souffrances, sans répit, sans repos. C'est pas juste de souhaiter que quelqu'un "se batte", "tienne bon", parce qu'en fait, il ne peut pas. Il essaie quand même, sans succès, sans espoir, sans force,  pour  épargner de la peine a ses enfants, parce que jusqu'au bout, il reste un parent. Mais quand il a si mal que son esprit est déjà parti et que les traits meurtris d'angoisse du visage sont les seuls témoins qui restent des dégâts intérieurs dont on n'a pas idée, faut lâcher.

L'option "vie comme avant"  n’était plus possible. On était entre "vie de souffrances" et "mort salvatrice", c'est tout, pas d'autre alternative.

Les gens qui n'ont pas été face à ce choix-là ne comprennent  pas qu'on puisse souhaiter la mort. Mais la "vie" dont on parle, ce n'est pas la vie ou on respire sans s'en rendre compte, on parle, on mange, on se déplace. Non, cette "vie" qui n'en est plus une, c'est une succession lente d'heures ou tout ton être est une souffrance, ou respirer fait mal, ou manger c'est tellement le calvaire que ça fait 3 jours que tu ne t'alimentes plus et t'es si faible que tu risques de te casser la gueule si t'essaie de marcher. Y a pas de moments ou ça va, ou c'est tolérable. Y a que des moments ou t'essaie de pas devenir dingue de douleur. (en plus que t'es déjà un peu dingue à cause de la morphine).

Alors si par malheur vous vous retrouvez dans ma situation, ne dites pas "tiens bon, papa", mais dites "tu peux partir, je vais me débrouiller, comme tu m'as appris. Je n'ai pas rien, je ne serai jamais seule, je garde ton amour avec moi, pour toujours."

 

 

 

Petite pensée
Partager cet article
Repost0

commentaires